•  

    Comme un avant-goût d'Angkor...




    A notre arrivée à Kompong Thom, hier, nous avons rencontré notre guide pour les prochains jours. Il nous attendait à l'hôtel et nous avons fait connaissance en évoquant le programme à venir. Mr Van Yuth est francophone, à la grande joie de Louise qui va enfin pouvoir papoter. Le contact est vite établi!
    C'est à nouveau sous une pluie fine que nous démarrons cette nouvelle journée qui nous mènera jusque Siem Reap, aux portes d'Angkor. La mousson fait du zèle...
    L'avant-goût d'Angkor, c'est le site de Sambor Prei Kuk, à mi-chemin de notre trajet du jour. Un site immense, ensemble de plus de 100 temples éparpillés dans la forêt et nous goûtons pour la première fois cette fusion magique des pierres et des arbres.
    Capitale du royaume du Chenla, sous le règne du roi Isanavarman au début du VIIe siècle, il s'agit du plus grand ensemble architectural préangkorien. Tous ces temples constituent à vrai dire une métropole religieuse, les traces de la ville véritable ayant été retrouvées à l'ouest. Si le site avait été repéré et exploré par les archéologues depuis la fin du 19e siècle, il avait été éclipsé par la découverte d'Angkor, et ensuite la guerre et l'arrivée des Khmers rouges en avaient stoppé l'inventaire. Maintenant les temples-tours sont mangés par la végétation, beaucoup sont partiellement ou totalement éboulés, et de nombreuses pierres sculptées gisent parmi les arbres. Qu'importe, la forêt est vivante et même cette bruine incessante ne parvient pas à gâcher la magie de cette promenade. L'endroit est vide de visiteurs et nous nous trouvons accompagnés tout au long de la visite de quelques gamines intriguées par la présence de Louise, et bien décidées à nous vendre des kramas.
    Notre guide nous montre déjà sa grande connaissance des lieux et nous le suivons sur les petits sentiers menant d'un temple à un autre. Nous visitons, dans le complexe central, les trois principaux groupes d'édifices. Construits en briques, grès et latérite, dans chacun d'eux le sanctuaire principal est entouré de constructions secondaires et enfermé dans de larges enceintes. Ils furent élevés au culte du Linga, symbole du dieu Shiva et à celui des dieux du brahmanisme. Voici donc à nouveau l'Inde qui fait sentir son empreinte, et je ne cesserai de constater au fil des découvertes à venir à quel point sa présence est vivante dans l'histoire ancienne du Cambodge. Je suis donc en terrain connu au moins par certains aspects, je retrouve les dieux de l'Inde et leur mythologie quasi intacts.

    Comme un avant-goût d'Angkor...

    Harihara, représentation fusionnée des dieux Shiva et Vishnou.

    La forêt est bruyante de silence et Louise gambade sur les allées sablonneuses. Les termitières que nous ne cessons d'apercevoir l'intriguent beaucoup, autant que ces énormes mille-pattes qui traversent mollement devant nos pieds. Belle promenade, la forêt est paisiblement enveloppante. Les petites collégiennes qui nous accompagnent nous font la conversation, avec même un peu de français en prime, la fréquentation régulière des touristes leur ouvrant des horizons linguistiques qu'elles saisissent au vol. Nous finirons bien sûr par leur acheter quelques kramas , Louise ne pouvant résister à la fois à leurs sourires et à leur insistance...

     

    Comme un avant-goût d'Angkor...

    gardien du Prasat Tao, le temple des lions
     

    Extrait d'un conte cambodgien de Jeanne Leuba, "Pon le niais":
    "Personne ne connaissait comme lui, cette capitale antique dont les splendides ruines jonchent la forêt de sculptures admirables; cette immense cité religieuse des âges disparus, avec sa tour royale gardée par des lions, ses temples circulaires ou octogonaux dans lesquels le vol mat des chauves-souris bruisse les ténèbres de voûtes vertigineuses; ses cellules en dalle monolithes, ses murailles ciselées d'écussons énormes où des bêtes confuses luttent contre des hommes; ses porteries écroulées dont les piédroits de grès gardent sur leurs faces lisses des inscriptions dans une langue oubliée..."


    votre commentaire
  •  Louise raconte: Nous arrivons en voiture à Kompong Khleang. Nous descendons. Des enfants se précipitent sur nous et nous entourent. Cela doit leur paraître étrange, une khmère avec une grande dame blanche. Moi je me dis:"Ils n'ont peut être jamais vu ça!". Nous descendons au bord de l'eau pour prendre notre bateau, suivis par quelques curieux. Nous montons, nous voila à bord, Maman, notre guide et moi. Maman me dit:"Tiens toi bien!" " oui!". Il y a des chaises sur le bateau. Je regarde le paysage. Je vois des maisons en bois sur des hauts pilotis. Certaines ont des couleurs gaies, bleu ciel, jaune vif. Je vois de grands bâtons plantés au beau milieu de l'eau, avec des rubans de couleur accrochés à leur extrémité. Le guide nous explique que ces bâtons sont comme des lieux sacrés des génies des eaux et on vient leur apporter des offrandes dans des assiettes qui flottent. Je trouve que les Cambodgiens sont très croyants, on a même vu une pagode sur pilotis! Dans les maisons-bateaux, il y a des gens qui dorment dans des hamacs, d'autres qui nous font des signes. J'ai vu un bateau-magasin avec une marchande qui vendait des bananes et d'autres provisions. Nous avançons jusqu'au lac, le bateau remue beaucoup parce qu'il y a des fortes vagues. Je crois que la vie des habitants de ce village est très dure. Les maisons paraissent fragiles. Leur seul métier c'est la pêche et c'est très difficile. J'ai vu des enfants qui avaient l'air de s'ennuyer et d'autres qui rigolaient. Ça m'a rendue triste de voir des gens pauvres sourire en cachant leur malheur. Mais il y en a qui sont heureux de vivre là, près de l'eau. Parce que c'est calme, paisible et qu'il n'y a pas de pollution.


    Louise en bateau
    "Là où il y a de l'eau, il y a des poissons" (dicton khmer)
    Le Tonlé Sap, qui signifie en khmer "grande rivière d'eau douce" est le plus grand lac d'eau douce d'Asie du Sud-est. Ce lac est unique au monde: sa particularité est qu'il grandit et rétrécit au fil des saisons. Pourquoi? Tout d'abord le lac est relié au Mékong par le fleuve Tonlé Sap, qui le rejoint à Phnom Penh.
    Chaque année en juin, lorsque la saison des pluies débute et que le Mékong se gonfle de la fonte des neiges de l'Himalaya, le niveau de l'eau du Mékong augmente plus rapidement que celui du fleuve Tonlé Sap. Le courant de celui-ci s'inverse et le fleuve va décharger le surplus reçu du Mékong dans le Grand Lac. De ce fait, la taille du Lac est multipliée par quatre ! En novembre, lorsque les pluies diminuent, le fleuve Tonlé Sap s'inverse à nouveau et redevient le seul dévidoir du Lac, qui se vide progressivement.
    Ce phénomène unique donne naissance à une faune et une flore exceptionnelles.
    Le Tonlé Sap abrite les eaux douces les plus poissonneuses au monde (plus de 200 espèces différentes) et les plaines inondées offrent des richesses agricoles. La région est aussi le dernier refuge en Asie du Sud-Est pour de nombreux oiseaux d’eau douce menacés.
    Mais entre le déboisement des forêts inondées et la pollution des eaux par les ordures, les pesticides et les engrais, le lac est en grand danger.
    Si l'importance du lac est si grande, c'est que près de trois millions de personnes, soit plus d'un quart de la population totale du Cambodge, vivent sur le Lac et dans ses plaines inondées.
    Nous allons approcher le Lac plusieurs fois au cours de notre voyage. Cette première promenade sur ses rives nous donne quelques rapides images de cet habitat si particulier à fleur d'eau. Louise a saisi la rudesse de ces vies, perceptible derrière les sourires et les grands signes joyeux que nous ne manquons pas de croiser.
    Les maisons sur pilotis, faites en feuilles de palmiers ou en bois, sont très fréquentes.

    Louise en bateau

    Les maisons flottantes sont faites de bambou, souvent attachées ensemble mais déplacées au fil des saisons.

    Louise en bateau

    Les maisons-bateaux sont généralement habitées par les pêcheurs les plus pauvres.
    Belle ballade. Nous restons spectateurs certes, mais cette distance est le moyen de donner "à voir" à Louise, le plus en douceur possible. Elle, nous, aurons le temps plus tard, que ce soit dans ce voyage ou un autre d'aborder la rencontre avec le Cambodge plus directement.
     
           

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique