• Nous quittons ce matin les terres d'Angkor. Il est tôt, il bruine, Louise est grognon et ne veut rien avaler... l'atmosphère n'est donc pas à la franche rigolade. La perspective de faire aujourd'hui cette balade en bateau jusque Battambang est pourtant bien alléchante, il faut juste s'arracher à l'envoûtement de ces terres à peine entrevues. Notre guide nous accompagne jusque l'embarcadère, au village flottant de Chong Kneas, à une douzaine de kilomètres de Siem Reap. Nous avons aussi un peu de mal à le quitter, sa présence auprès de nous pendant ces cinq derniers jours ayant été autant enrichissante que plaisante. Louise a particulièrement apprécié de pouvoir papoter en français avec lui. Nous ne quittons par contre Sovanna que très provisoirement car il nous attendra à Battambang avec la voiture (il fera le trajet beaucoup plus vite que nous!).
    Je ne sais pas exactement combien de temps durera la traversée, les indications que j'ai eues faisant état d'une fourchette de quatre à dix heures de route, selon le niveau de l'eau, la météo, le courant, et d'autres paramètres mystérieux.
     


    Voici un des splendides tickets reçus hier pour embarquer vers Battambang.
    Quelle magnifique vedette nous allons emprunter!

    Angkor Express - de Siem Reap à Battambang.

    Tiens, nous voilà au débarcadère... mais, c'est bien notre "vedette" là-bas, accostée au bâtiment bleu? Réponse: OUI! Splendide, n'est-ce pas?

     

    Notre vedette est donc un petit bateau bien différent de ce que présentait le ticket, et j'en suis d'abord ravie, il me semble bien plus sympathique ainsi. Je craignais un peu de me retrouver derrière des vitres closes pendant des heures, et ce petit bateau est ouvert à tous vents (mais aussi à d'autres courants d'air moins sains...)
    Nous sommes les premiers passagers à monter à bord et j'ai l'idée lumineuse de nous installer à l'arrière. Je pense trouver là le meilleur endroit pour goûter au mieux la promenade. Erreur que j'ai vite fait de regretter: nous allons passer neuf heures à respirer certes l'eau et la terre, mais aussi les fumées de gasoil que recrache largement le moteur du bateau... une épreuve que certains retournements du vent rendent particulièrement pénible. Nous sommes malheureusement condamnées à rester à ces places, le bateau ayant tôt fait de se remplir de passagers. (ce bateau ne ressemble décidément pas à celui dépeint sur le ticket, sur lequel l'interdiction de fumer était nettement indiquée... à moins que seul le moteur ait le droit d'enfumer l'entourage?)

    Angkor Express - de Siem Reap à Battambang.

    Village flottant de Chong Kneas

    Le ciel est gris et des averses fines vont venir ponctuer le parcours, rien de bien méchant, juste une lumière un peu pâlotte.  
    Nous quittons vite le village flottant pour entamer la traversée du lac. Une traversée assez agitée. Je ne m'attendais pas à trouver de telles vagues sur ce lac et le bateau est bien secoué. L'eau gicle sur le pont et je commence à trouver un peu moins risible la tenue de ce passager cambodgien, monté à bord harnaché d'un gilet de sauvetage. J'essaye même de repérer où sont ceux du bateau mais n'en aperçois que trois ou quatre suspendus ... les gagnants seront les plus rapides ! Je ne me sens pas le pied marin, ni même lacustre , et je préfère nettement la terre ferme. Louise s'est vite endormie la tête sur mes genoux. Elle passe toute la traversée du lac ainsi et ne s'aperçoit donc pas du tangage et des vagues s'invitant à bord.
    Au beau milieu du lac une barque venue de nulle part nous accoste, en descend une femme khmère flanquée de trois petits enfants, et tout ce petit monde monte à notre bord. Un bébé au sein, un autre qui l'a quitté depuis peu et une petite guère plus haute . La famille s'installe, les enfants sont si calmes, leur mère si posément attentive.

    Angkor Express - de Siem Reap à Battambang.

    Des voyageurs continueront ainsi à rejoindre notre embarcation, dont les touristes forment l'essentiel des passagers.
    Nous rejoignons la rivière Stung Sangker et retournons ainsi dans des eaux plus calmes. Il faut remonter la rivière jusque Battambang. Le niveau de l'eau semble haut mais le courant est fort. Il va continuer à s'accentuer et c'est pour cette raison que notre bateau va peiner et progresser à très faible allure. Le trajet durera 9 heures au total... un peu long, en particulier pour nos poumons malmenés! Nous serons parfois obligée de transformer nos kramas en masques de protection pour ne pas étouffer... vive les promenades dans la nature!
    Louise émerge et décide de se plonger dans la lecture d'un bouquin. Elle y plonge profondément, en apnée, et elle ne relèvera pas le nez pendant au moins 4 heures, le temps d'arriver à la dernière page. De mon côté je n'ai besoin de rien d'autre que de regarder non stop la rivière, ses rives et les diverses embarcations que nous croisons. Pas une seconde d'ennui, il se passe toujours quelque chose, et même quand il ne se passe rien, tout est simplement si beau!
    Nous croisons toutes sortes de barques et toutes sortes de chargements: cargaison de noix de coco, mobylette en transit, maraîcher ambulant, atelier de mécanique flottant...
     
    Le bateau traverse ensuite des zones marécageuses, puis des chenaux très étroits dans la forêt que l'eau submerge. Les arbres viennent érafler le bateau. De temps en temps la forêt laisse la place à un village flottant. C'est là que pour quelques passagers le trajet se termine. Ils rentrent chez eux, chargés de paquets. Chaque fois une petite barque vient les chercher. Elle s'amarre rapidement et la voilà vite repartie.
    Sur les berges, la vie s'écoule au rythme de cette journée dont les heures défilent: travaux et repas, repos et jeux des enfants, siestes dans les hamacs, filets jetés ou réparés, liserons d'eau cueillis, bavardages sur pilotis. Nous effleurons les arbres des marais, la forêt inondée encadre la rivière. L'eau serpente en lacets boueux et plusieurs fois le bateau dérive au ralenti contre la berge, entraîné par le courant. L'avancée devient de plus en plus lente et les heures défilent.

    Nous parvenons à Battambang à 16 heures et à l'embarcadère, nous retrouvons Sovanna , arrivé depuis plusieurs heures. Nous filons vite vers l'hôtel nous débarrasser au moins extérieurement des fumées noires du bateau. Nous avons fait une promenade magnifique, et avons eu largement le temps d'en profiter. Il y avait simplement deux petits détails modifiables: le bruit et les fumées du moteur, mais il aurait suffi de s'installer ailleurs... bon à savoir pour une autre fois!





    Quelque part sur la rivière Stung Sangker





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