Cette journée se poursuit presque exclusivement sur la route. Nous devons rejoindre Kompong Thom, à plus de 300km. Pas un instant d'ennui, le paysage continuant à afficher toujours de nouvelles images: entre Kratie et Chhlong, la route de terre rouge longeant le Mekong nous offre mille facettes de la campagne cambodgienne et de la vie sur les berges du grand fleuve - rizières, maisons traditionnelles khmères en bois sur pilotis, luxuriance de la végétation, et ces scènes de vie attrapées en un coup d'œil, ces regards furtivement croisés, amusés ou interrogateurs. 

Le trajet est un peu long, quand même... Louise dessine beaucoup - dauphins et cocotiers - et je commence à trouver un peu frustrant de rester derrière les vitres de cette voiture, j'ai envie de rentrer pour de bon dans le film...
Fin de parcours agitée, avec un orage lâchant soudain des trombes d'eau. Nous sommes alors sur une route de terre, ce qui n'était quelques minutes plus tôt que poussière rouge enveloppante se transforme en boue , et les trous prennent vite des allures de mares. La voiture slalome un peu à l'aveuglette (en tout cas moi je n'y vois rien!) tant la pluie est violente. Pour épicer le tout, des vaches surgissent au milieu de la piste, puis des mobylettes chargées à bloc , des convois plus improbables les uns que les autres, quelques longues minutes de grand frisson! Sovanna reste en apparence très serein et commence à nous faire la démonstration de ses talents de chauffeur...

La vie sur les routes cambodgiennes est pleine de surprises. Outre des chiens surgissant de nulle part et des vaches débonnaires qui entreprennent de traverser au ralenti, dans l'ignorance complète de ce qui les entoure, des convois de toutes sortes peuplent le bitume. 4x4 flambant neuf, klaxon appuyé en continu, lancé à pleine allure et occupant la chaussée en maître du monde, camion ou pick up, toujours largement au delà du maximum de charge possible, autocars colorés dévorant les kilomètres, vélos intégrant paisiblement le courant, charrettes tirés par de placides bœufs blancs. Si la circulation est rarement dense en dehors des villes, elle est toujours très hétéroclite. Les motos et mobylettes offrent les images les plus étonnantes et nous rions d'apercevoir par exemple une montagne de sacs entassés derrière le conducteur du deux-roues, et, juchée tout en haut de cet entassement, une femme ne semblant même pas s'agripper pour tenir l'équilibre... ou encore ces guirlandes de poulets en route pour le marché, ou même un lit voyageur arrimé à l'arrière d'une mobylette.
Ce long trajet nous offre largement le temps d'observer la route et ses abords. Il est temps maintenant de nous poser un peu!