Louise raconte: Nous arrivons au temple de Beng Mealea, après avoir roulé sur une route très boueuse. Nous descendons. Le guide nous mène à l'entrée du temple. Mon cœur bat à toute vitesse , c'est dans ce temple qu'a été tourné le film "Deux frères", et j'adore ce film! Notre guide nous explique que l'équipe de tournage a laissé une passerelle qui maintenant permet aux touristes de circuler dans le temple. Nous continuons à marcher en suivant le chemin de bois. mais il faut s'arrêter: devant nous il y a un passage de pierres escarpées. Le guide nous dit: "Il faut prendre ce chemin-là.". Après avoir passé les blocs de pierre, il y a une galerie noire! Je pars avec le guide en avant. Maman a un peu peur. " Allez, maman, tu es la meilleure! - J'ai peur de marcher sur un serpent dans le noir! - Ne vous inquiétez pas, madame! Maman se décide et avance dans la galerie. Je l'embrasse. Vraiment courageuse, ma mère! Après, il faut encore passer sur des pierres et ouf, nous regagnons la sortie. C'est sportif, de traverser un temple en ruine!

La découverte de Beng Mealea est en effet un nouveau choc... Construit au 12ème siècle, l'ensemble des édifices a été peu à peu absorbé par la forêt. Il est désormais englouti et c'est un éboulis géant de pierres piqué d'orchidées et protégé par la barrière végétale de la jungle. Une magie profonde se dégage de ce lieu, une magie un peu venimeuse, envoûtante. Le lieu est censé abriter des esprits , nous apprend notre guide. La passerelle permet de crapahuter tout autour du site et nous arpentons son cheminement en marchant sur le bois rendu glissant par la pluie. Escalade de pierres: la tour d'entrée s'est écroulée et la colonne de blocs de grès qu'elle a étalé sur la route est couverte de plantes exubérantes, de mousse et de lichen. Comment ne pas se sentir pousser des ailes d'explorateurs (mais ont-ils des ailes?), ne pas avoir l'impression d'arriver les premiers, alors que nous évoluons dans ce dédale de pierres? Fragment de bas-relief brisé sur le sol...

Tout autour, la forêt se nomme jungle. Les lianes suspendues et les branches s'entremêlent. Les mainates semblent rire de nos hésitations , les perroquets sifflent leurs commentaires et les cris d'arrière plan semblent être paroles de singes.
Parmi les décombres, un couloir sombre, galerie où la lumière perd face à l'obscurité. Louise a raison, je n'en mène pas large et devoir traverser ce long couloir obscur est une épreuve... tandis que j'entends à quelques mètres le guide raconter à Louise des histoires de tigres et de serpents.
Frissons...
La découverte de Beng Mealea donne le goût de ce que les premières expéditions ont dû découvrir sur l'ensemble des sites d'Angkor, alors livrés à la jungle, et bien cachés au monde. Elle permet aussi d'imaginer l'ampleur des gigantesques travaux effectués pour les extirper de la jungle et tenter de les restaurer. C'est aussi tout simplement une balade exceptionnelle, inédite, dont nous rentrons enchantées, dans tous les sens du terme.
Pour conclure cette riche journée, nous dînons d'un délicieux amok de poisson dans un restaurant khmer de Siem Reap, et je suis une fois encore la seule à me régaler de la finesse de la cuisine cambodgienne...
Le programme de demain est chargé, très chargé!